Le temps est sans aucun doute l’élément le plus difficile à gérer. De façon générale et, en particulier, en politique.
Quand s’exprimer ? Quand annoncer une réforme ? À quel moment l’introduire ? Sur combien de temps gérer son élaboration ? Quand peut-on en escompter les effets ? Comment articuler temps de la réflexion, temps de la production et temps de l’action ?
Le Président de la République s’est livré hier à son premier entretien télévisé depuis son élection. Cinq mois après sa prise de fonction, pour un mandat qui dure cinq ans. On y verra peut-être là un symbole.
Celui que l’on reçoit est mitigé. L’échange a eu lieu au « Château » (c’est ainsi que l’on appelle le Palais de l’Élysée), dans le « bureau de travail » du Président. C’est heureux : la dignité de la fonction présidentielle impose que les journalistes se déplacent, non le contraire. En revanche, c’est TF1 qui a été retenu, soit une chaîne privée, de l’une des plus grosses fortunes françaises. Il est plus que regrettable que le Président de la République ne fasse pas le choix du service public, a fortiori pour son premier échange télévisé. François Hollande avait fait de même le 9 septembre 2012 et c’était tout autant condamnable.
C’est la réponse claire, nette et sans appel qu’il faut apporter aux restrictions injustifiées des libertés. Car toucher les libertés de quelques-uns c’est s’attaquer à la liberté de tous. C’est, ainsi, remettre en cause le socle de notre démocratie et de notre pacte social.
Que l’on soit clair, d’emblée : il ne s’agit, ici, ni d’un retournement de position ni d’une attitude bassement politicienne. L’état d’urgence, au lendemain des attentats du 13 novembre 2015, était justifié. Son régime a été adapté. Le juge constitutionnel l’a plusieurs fois contrôlé et parfois sanctionné. Toujours à juste titre. Il aurait dû être constitutionnalisé, mais ne l’a pas été. C’est regrettable.
L’état d’urgence, par définition exceptionnel et temporaire, devait s’arrêter, après l’organisation d’événements internationaux majeurs. Le matin même du 14 juillet 2016, le Président de la République le confirmait.
Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est un principe qui ne se discute pas. Il a valeur constitutionnelle en France, ainsi qu’en Espagne, grâce à l’article 2 de la Constitution espagnole de 1978. Pour autant, cela n’autorise pas les mouvements nationalistes, indépendantistes et sécessionnistes à mener toutes les actions possibles, ce même article 2 proclamant l’« unité indissoluble de la nation espagnole, patrie commune et indivisible de tous les Espagnols ».
Le Gouvernement espagnol a sans doute commis une erreur dans sa gestion du referendum catalan. À un triple niveau : une erreur politique, stratégique et juridique. Il ne s’agit pas, pour autant, de soutenir que cette consultation devait se tenir, mais simplement de souligner la maladresse politique dans cette crise.
Une droite confortée, une gauche préservée, la République en marche a échoué.
Voici comment on pourrait décrire, en quelques mots, les résultats des élections sénatoriales d’hier. En réalité, il n’y a là rien de surprenant. Ce n’est point la victoire de « l’ancien monde », comme le décrient certains, mais bien la logique institutionnelle de la Vème République et, particulièrement, des élections sénatoriales.
Tout, au Sénat, est prévu pour faire de la seconde chambre une instance de tempérament, d’opposition constructive, de « raison de la République », pour reprendre la formule que Boissy d’Anglas utilisa pour désigner le Conseil des Anciens, dans la Constitution du Directoire (1795). Tel est son rôle constant dans notre histoire constitutionnelle et cela ne change pas.