Le Front national, s’il est devenu un véritable parti d’opposition, n’est pas un parti comme les autres : le projet qu’il porte met la République en danger. Pour défendre celle-ci, il faut combattre celui-là.
En quinze ans, il est parvenu à se défaire de son image diabolique, pour s’imposer pleinement et durablement dans le paysage politique.
Il a d’abord investi le terrain local, en obtenant des élus locaux. Ils sont indispensables pour les parrainages à la présidentielle, mais aussi pour tisser un maillage territorial, être présent sur le terrain, relayer la politique et le message du parti.
Il a ensuite approfondi son implantation dans des territoires, ceci lui permettant d’avoir des élus au Parlement et de conquérir des municipalités. Il a ainsi renforcé sa légitimité et sa crédibilité.
Enfin, le changement de gouvernance, du père à la fille, a été corroboré par la recherche d’un apaisement, grâce à une plus grande collégialité, à de nouveaux éléments de langage, à l’introduction d’une confusion entre Front National et Rassemblement bleu Marine, qui serait moins radical que le premier.
Emmanuel Macron a vraisemblablement réussi le pari le plus fou de la Vème République.
En à peine trois ans, depuis qu’il est devenu Ministre de l’économie en août 2014, sans avoir occupé aucune autre fonction gouvernementale ou élective auparavant, il est parvenu à se créer une légitimité et une crédibilité politiques, à se faire un nom, à prouver ses compétences, à faire rêver les Français.
En à peine un an, il a réussi à fonder un mouvement, devenu véritable parti politique, à se créer un statut de présidentiable, à tisser un maillage territorial et à lever des fonds suffisants pour mener une campagne présidentielle, à engranger des soutiens de droite et de gauche, renforçant sa crédibilité.
Aujourd’hui, il a réussi à occuper l’espace politique qui donne systématiquement la victoire à l’élection présidentielle mais qui, paradoxalement, n’a jamais, lui-même remporté cette élection : le centre.
L’élection présidentielle, en France, se gagne au centre, mais toujours à partir de l’un des deux pôles qui parvient à le capter. Cette fois-ci, elle se gagnera encore au centre, mais par le centre lui-même.
Le 23 avril, je voterai. Avec conviction, pour cet acte démocratique. Et il ne s’agit pas, ici, de dire pour qui, mais de savoir pourquoi.
En effet, je voterai, d’abord, parce que j’en ai le droit. Tous, en France et dans le monde, ne l’ont pas.
En France, il est constitutionnellement garanti aux nationaux français, majeurs, des deux sexes. S’il ne s’agit pas de revenir sur les acquis de 1944, instaurant un suffrage véritablement universel par le droit de vote reconnu aux femmes, ni sur ceux de 1974, abaissant la majorité légale de 21 à 18 ans, il faudra bien que s’ouvre un jour le débat sur le droit de vote de celles et ceux qui résident en France depuis de nombreuses années, y ont leur vie, leur travail et leur famille, y paient leurs impôts mais ne peuvent voter car ils sont étrangers.
C’est une initiative allemande. Alors que l’amitié franco-allemande pourrait être menacée, alors que la montée des populismes et des nationalismes se fait toujours plus menaçante, des artistes, des scientifiques, des enseignants, des journalistes, des entrepreneurs allemands ont décidé d’adresser une lettre à un ami français, qui leur a répondu. En cette veille d’élection présidentielle le refrain est le même que celui de la chanson de Jacques Brel : « Ne me quitte pas ».
Mon collègue Friedhelm Hufen m’a écrit et je lui ai répondu. Les échanges de lettres sont publiés progressivement sur un site dédié.