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De quelques idées reçues sur l’élection présidentielle américaine

En ce jour d’Halloween et alors que l’élection présidentielle américaine aura lieu la semaine prochaine, revenons sur certaines idées reçues.

Le Président des États-Unis n’est pas élu au suffrage universel direct

Lorsque le peuple se rend aux urnes début novembre, il n’élit pas directement le Président des États-Unis, mais il investit des Grands électeurs. Ces derniers procèderont, ensuite, à l’élection du Président. Chaque État en désigne autant qu’il a de membres au Congrès, Représentants et Sénateurs réunis. Cela porte à 538 le nombre de Grands électeurs, soit la somme du nombre de Représentants (435) et du nombre de Sénateurs (100), auxquels s’ajoutent trois Grands électeurs du District fédéral de Columbia (Washington DC).

Toutefois, ce suffrage indirect est un suffrage quasi-direct et le vainqueur de l’élection est (généralement) connu dès l’élection des Grands électeurs, pour deux raisons principales. D’une part, dans tous les États, à l’exception de deux, les règles électorales posent un scrutin de liste majoritaire : la liste qui arrive en tête, même de quelques voix (ou d’une seule), remporte tous les sièges de l’État. D’autre part, ces Grands électeurs se sont préalablement engagés à voter pour tel ou tel candidat (principe de loyauté), au point que, généralement, ce n’est pas leur nom qui figure sur le bulletin de vote, mais celui du candidat à l’élection présidentielle.

Cela peut alors avoir pour conséquence, comme ce fut dernièrement le cas en 2000 lors de l’élection de George W. Bush face à Al Gore, qu’un candidat remportant moins de voix populaires au niveau fédéral, remporte davantage de Grands électeurs.
 
L’élection du Président des États-Unis n’aura pas lieu le 8 novembre 2016

Si l’on soutient généralement que l’élection présidentielle américaine a lieu le 8 novembre prochain, cela n’est pas exactement le cas.

Cette date du 8 novembre n’est pas le fruit du hasard. Aux États-Unis, les élections ont lieu un mardi et non un dimanche, comme c’est le cas en France, pour des raisons religieuses et familiales : le dimanche est le jour du recueillement, de l’église puis des échanges en famille. Elles n’ont pas lieu non plus le lundi afin de permettre, historiquement, aux personnes habitant parfois à une journée de cheval des lieux de vote, de s’y rendre sans précisément avoir à partir le dimanche. L’élection présidentielle, quant à elle, se tient le mardi qui suit le premier lundi de novembre afin d’éviter qu’elle ne se déroule le 1er novembre, jour de la Toussaint.

Le prochain Président des États-Unis ne sera pas élu le 8 novembre 2016, d’abord en raison de l’élection indirecte, comme indiqué précédemment. Les Grands électeurs, une fois désignés, devront se réunir le 19 décembre pour procéder au vote. Ils ne formeront pas pour l’occasion une assemblée unique, comptant l’ensemble d’entre eux, mais se regrouperont au sein de chacun des États. Ainsi, le collège électoral lui-même ne se réunit jamais.

Les votes seront ensuite comptés lors d’une séance commune du Congrès, réunissant les Représentants et les Sénateurs, le 6 janvier. Ce n’est qu’au terme de ce comptage et si un candidat obtient la majorité absolue des Grands électeurs (soit 270 voix) qu’il sera effectivement élu Président. À défaut de majorité absolue, c’est alors la Chambre des représentants qui doit désigner le Président, parmi les trois candidats arrivés en tête et au terme d’un vote où les voix sont décomptées par État, chaque État disposant d’une seule voix.

Enfin, ultime nuance quant à la date du scrutin : le processus électoral a débuté avant le 8 novembre, par le mécanisme du vote anticipé. En effet, afin de permettre au plus grand nombre de s’exprimer sans avoir nécessairement recours à la procuration et alors que l’élection a lieu un jour travaillé, de nombreux États (37) prévoient la possibilité de voter par anticipation. Le résultat n’est connu que le jour de l’élection elle-même, mais les électeurs peuvent ainsi se rendre aux urnes, parfois plusieurs semaines avant ce jour.

Il n’y a pas que deux candidats aux élections présidentielles

Au-delà des frontières des États-Unis, on ne parle généralement que de deux candidats, le démocrate et le républicain, respectivement, en 2016, Hillary Clinton et Donald Trump. Il arrive parfois qu’un ou deux autres candidats soient également évoqués à l’étranger, comme ce fut le cas cette fois-ci. Ils sont en réalité beaucoup plus nombreux. Il arrive qu’ils soient même plus d’une dizaine. Rien n’oblige un candidat, d’ailleurs, à l’être dans chacun des 50 États.

Toutefois, les deux principaux candidats ont bien peu à craindre de ces candidats de moindre importance, en raison du scrutin de liste majoritaire qui empêchera généralement les seconds de prendre des Grands électeurs aux premiers. Ils peuvent néanmoins leur enlever de simples électeurs et les empêcher d’obtenir la majorité dans un des États, ce qui favorise, alors, leur concurrent direct.

Lors de l’élection présidentielle, on ne vote pas que pour le Président

Si on ne parle que de l’élection du Président, le Président n’est pas le seul objet de l’élection.

D’une part, un Vice Président est élu en même temps que le Président, selon le mécanisme du « ticket ». Le scrutin n’est pas binominal pour autant et on ne vote pas qu’une fois pour deux candidats, mais bien deux fois pour deux candidats, l’un à la fonction de Président, l’autre à celle de Vice Président. Mais du fait de la loyauté des Grands électeurs déjà évoquée, il n’y a pas de risque qu’un Président soit élu avec un Vice Président issu d’un autre ticket.

D’autre part, les représentants sont également élus lors de l’élection présidentielle et, leur mandat n’étant que de deux ans (quatre ans pour le Président), ils le seront à nouveau à mi-mandat présidentiel (en 2018). De plus, un tiers du Sénat est également renouvelé, les Sénateurs étant élus pour six ans mais renouvelés par tiers tous les deux ans.

Enfin, bon nombre d’autres fonctions électives (fédérales et locales) sont pourvues lors de l’élection présidentielle, de même que plusieurs questions peuvent être posées par la voie référendaire. Au total, l’électeur peut avoir à s’exprimer sur plus d’une trentaine de choix, sur un seul et même bulletin, généralement par des croix, le rendant parfois bien peu lisible.

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