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Les primaires, à quoi ça sert ?

À quoi servent les primaires organisées par les partis politiques ?

Élection avant l’élection pour certains, stigmatisation des déchirures internes à un parti ou un courant politique, pour d’autres, bon nombre de ceux qui les critiquent en dénoncent l’absence d’intérêt, voire le caractère contreproductif. Les débats télévisés entre les candidats à la primaire de la Gauche de la semaine dernière n’auraient que confirmé ces réserves, en exposant les faibles différences qu’il y a entre eux, tout en livrant un jeu orchestré par des journalistes soucieux de l’audience et non de l’approfondissement des sujets.

C’est oublier l’objectif des primaires.

Celui-ci est double, en réalité : détacher la désignation d’un candidat de l’appareil du parti, créer un rassemblement.

Au préalable, soulignons que les partis politiques sont indispensables à une démocratie car ils permettent de la structurer : structurer l’offre politique proposée aux électeurs, structurer l’accès aux fonctions politiques des élus. C’est grâce à l’affiliation partisane que l’électeur peut mieux identifier l’orientation politique des candidats qui se présentent devant lui. En retour, c’est grâce à ce rôle exercé par les partis que ceux qui souhaitent exercer des fonctions électives peuvent y parvenir.


On peut le regretter et le critiquer, mais on ne saurait le contester. Quoi qu’on en dise et qu’on en pense, même si l’on considère que les partis sont trop présents ou trop fermés, qu’ils dénaturent le débat public : faute de produit de substitution, ils demeurent irremplaçables car indispensables.

Pour exercer leur rôle, ils investissent des candidats lors des diverses élections. Cela se fait selon les règles internes des différents partis mais, souvent, au terme d’une convention qui offre à l’appareil du parti concerné, c’est-à-dire à l’ensemble de ceux qui y exercent des responsabilités, de valider ces investitures.

Le premier objectif d’une primaire est de détacher cette investiture de cet appareil. En ayant recours à une primaire ouverte, le candidat sera d’abord désigné par des électeurs qui se sentent politiquement proches du ou des partis qui y participent – et qui doivent signer une charte d’engagement – non par cet appareil. Cela renforce la légitimité, peut faire émerger une personnalité politique marginalisée au sein du parti, voire contribue au renouvellement des générations. Les primaires de la Droite offre, à ce titre, un bon exemple.

À ce stade, le candidat n’est que « désigné » par un corps électoral, non « investi » : une investiture officielle a généralement lieu ensuite, destinée à formaliser solennellement le soutien du parti au candidat et, surtout, le rassemblement de l’ensemble des forces du parti et, le cas échéant, de ses alliés, derrière le candidat. C’est ce qui s’est produit samedi, pour François Fillon, chez Les Républicains.

Le second objectif d’une primaire est ainsi de sceller ce rassemblement. Dans une démocratie pluraliste et lors d’un scrutin uninominal, aucun candidat ne peut espérer l’emporter avec le soutien de son seul groupement politique, car il se trouvera toujours davantage de voix pour les autres dans leur ensemble que pour lui seul. Pour l’emporter, il faut donc rassembler, le plus tôt étant le mieux.

Une primaire le permet en ce que l’ensemble des candidats, qui représentent tous un groupement au sein de leur famille politique, s’engage à soutenir le candidat ainsi désigné, en se rassemblant derrière lui. Et si la primaire est ouverte à d’autres partis politiques, le rassemblement n’en sera que plus important.

Détacher la désignation, rassembler derrière un candidat, tels sont les objectifs d’une primaire. Du moins, ses objectifs théoriques et il peut s’en ajouter d’autres, plus pragmatiques. Il est incontestable qu’elle permet aussi une diffusion des idées plus large, une explication du programme plus grande, une occupation du terrain médiatique plus certaine, un renflouement des caisses plus immédiat. Autant d’éléments qui contribuent incontestablement à une victoire électorale.

Mais la véritable question n’est pas tant « à quoi sert une primaire ? », mais « est-elle utile ? » En d’autres termes, cette désignation du candidat détachée de l’appareil désigne-t-elle effectivement le meilleur, ce rassemblement a-t-il effectivement lieu, ce candidat rassembleur ainsi désigné permet-il de construire effectivement une victoire ?

Réponses, pour certains, après le 29 janvier et, pour tous, après le 7 mai…

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