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Législatives : une marche coordonnée

Tout reste à faire et la tâche est immense.

La formule n’est pas qu’oratoire : élu, investi, entouré, « au travail », tout reste encore à faire pour le Président de la République. Car il lui est désormais indispensable d’obtenir une majorité présidentielle. Elle sera peut-être composite, plurielle ou à géométrie variable mais elle est incontournable : sans elle, point de stabilité gouvernementale, point de réformes possibles, point de projet de Gouvernement.

Et la tâche est immense. Tout se décidera les 11 et 18 juin et étant donné les circonstances, il est possible, mais nullement certain que La République en marche obtienne une majorité, même relative.


Rappelons d’abord que si, en France, l’élection présidentielle se gagne toujours au centre, elle n’a jamais été gagnée par le centre. Les Français ont toujours été attachés au clivage entre la droite et la gauche et il a fallu attendre 2017 pour qu’ils le remettent en cause. Rien ne dit qu’ils le feront encore en juin.

Rappelons encore les circonstances dans lesquelles le Président de la République a été élu. Il l’a emporté face à une ennemie de la République et son rejet a permis de réunir des camps qui étaient et sont immédiatement redevenus rivaux. Il est arrivé en tête au premier tour alors que deux de ses concurrents étaient poursuivis par la justice, que le candidat socialiste s’était lui-même marginalisé, après que le candidat légitime avait renoncé.

Un concours de circonstances qui peut toutefois bénéficier au mouvement : nul ne peut emporter une élection qu’avec ses propres soutiens et il lui faut rassembler. Ce rassemblement crée une dynamique : aujourd’hui, il s’agit de celle d’En marche. L’objectif est clairement assumé et tout aussi clairement exposé : le Président élu entend accomplir la mission que les Français lui ont confiée, sur la base de ses engagements.

Pour cela, il ne tient qu’à eux de confirmer leur choix en lui accordant la majorité dont il a besoin. Et il ne tient qu’à lui de ne pas trahir son électorat et de le rassurer. À ce titre, le choix de nommer Édouard Philippe comme Premier ministre est judicieux. Un Président de la République issu de la gauche nomme un Premier ministre issu de la droite… mais qui a démarré à gauche. On demeure dans la dynamique centrale, on veut rassurer l’électorat, en vue d’obtenir une majorité.

C’est parfaitement possible et chaque jour qui passe rend le scénario plus plausible.

Il faut toutefois prendre garde à la stratégie qui consisterait à présenter des candidats partout (ou presque), quelle que soit la sociologie électorale, en renonçant à toute alliance.

En effet, la mode de scrutin des élections législatives veut que, pour être élu au premier tour, il faille réunir la majorité absolue des suffrages, représentant au moins un quart des inscrits. Si personne ne l’obtient, un second tour a lieu, où ne peuvent se présenter que les candidats ayant obtenu au moins 12,5% des voix des inscrits. Si aucun candidat n’a atteint ce seuil ou s’il n’y en a qu’un, alors les deux candidats arrivés en tête au premier tour peuvent se présenter au second.

Ce mode de scrutin répond à un objectif clair, en produisant un effet dévastateur : tout candidat d’un parti ne bénéficiant pas d’une assise électorale locale forte serait éliminé. Il s’agit ainsi de renforcer les partis de gouvernement au détriment des plus petites formations politiques.

Car 12,5% des inscrits, c’est beaucoup. Sur une base de 22,23% d’abstention, comme au premier tour de la présidentielle de 2017, cela représente 16,07% des exprimés. Les quatre candidats arrivés en tête le 23 avril les ont obtenus, ce qui aurait donné lieu, si on avait été dans le cadre d’une législative, à une « quadriangulaire ». Mais en 2002, seul Jacques Chirac les avait atteints.

Surtout, l’abstention est généralement plus forte lors des législatives que lors de la présidentielle : souvent le double, parfois au-delà. Et si l’abstention devait atteindre 40% lors du premier tour des législatives, 12,5% des inscrits représenteraient 20,83% des suffrages exprimés. Seuls Emmanuel Macron et Marine Le Pen les ont obtenus le 23 avril.

Sauf que dans certaines circonscriptions, d’une part, l’abstention lors du premier tour des législatives dépasse souvent les 50%. D’autre part, dans de nombreux départements, le 23 avril au soir, les deux candidats arrivés en tête étaient Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon.

En d’autres termes, pour pouvoir obtenir une majorité à l’Assemblée nationale, la première condition est qu’au soir du 11 juin, les candidats de La République en marche obtiennent 12,5% des voix des inscrits ou arrivent parmi les deux candidats de tête dans la majorité des circonscriptions, au moins.

Et pour cela, des accords et autres alliances seraient bienvenus, afin d’éviter une dispersion des voix au premier tour et demeurer coordonné, comme devra l’être la majorité.

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