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Les subtilités d’une candidature à la présidentielle

L’élection présidentielle offre à ceux qui y concourent une gloire assurée.

Beaucoup y prétendent, peu y parviennent. Et quoique certains réussissent à être candidats, réunissant les conditions requises, le résultat les plonge dans un tel désarroi qu’ils ne s’en relèvent que difficilement. Voire jamais.

Car il est des subtilités à connaître pour qu’une candidature à l’élection présidentielle soit au moins un succès politique, à défaut d’être un succès électoral. Il faut, notamment, bénéficier d’un maillage territorial et ne pas succomber à l’euphorie des sondages.

Le maillage territorial est doublement nécessaire : pour obtenir les parrainages, d’abord et pour réussir la campagne électorale, ensuite. Pour être candidat à l’élection présidentielle, il faut être présenté par cinq cents élus (à l’exception des conseillers municipaux), issus d’au moins trente départements ou collectivités d’outre-mer, sans que plus d’un dixième n’émane du même département. Cela a pour triple objectif de limiter la multiplication des candidatures, d’assurer un ancrage politique à tout candidat, dès lors qu’il est soutenu par des élus et d’empêcher des candidatures justifiées par de purs intérêts locaux. Pour les obtenir, un candidat doit donc pouvoir compter sur des relais suffisamment bien répartis sur l’ensemble du territoire.
 
De plus, ces relais locaux sont indispensables pour mener une campagne électorale. L’élection présidentielle se distingue de toutes les autres en ce que les candidats sont les mêmes sur l’ensemble du territoire. Ils doivent donc mener campagne à cette échelle ce qui, en plus de moyens financiers substantiels, suppose la présence sur place d’hommes et de femmes à même de mobiliser des électeurs, d’organiser des rencontres, de distribuer des tracts, de répondre aux interrogations, de préparer des meetings. Bref, de mener une campagne sur la durée, au nom du candidat car il ne peut aller partout et ne se rend généralement qu’une fois dans telle ou telle localité. Ce seul contact réel, certes indispensable, reste éphémère et n’est donc pas suffisant.

C’est le rôle des partis politiques que de constituer de tels relais. Présents sur le terrain, ils peuvent mobiliser, échanger, organiser. Disposant d’élus, ils peuvent parrainer, riposter, fédérer. Vouloir se lancer dans l’élection présidentielle sans le soutien d’un parti politique suffisamment ancré localement est audacieux. Et c’est une audace qui, généralement, ne paie point.

Mais le seul soutien d’un parti politique ne suffit pas toujours. Encore ne faut-il pas succomber à une euphorie due aux sondages. C’est ce que font pourtant certains candidats, parfois inattendus et même s’ils bénéficient du soutien d’un parti.

Portés par la nouveauté qu’ils incarnent, laquelle intrigue l’électorat plus qu’elle ne le convainc, ils ont les faveurs de ce dernier, mais elles sont temporaires. L’électorat, quoi qu’on en dise, demeure attentif à la solidité d’un parti, à la crédibilité d’un programme, à l’expérience d’un candidat. L’euphorie n’a alors d’égale que l’ampleur de la déception, qu’elle soit due à l’inaboutissement de la démarche (impossibilité de réunir les parrainages nécessaires) ou à la défaite électorale.

Qu’ils s’appellent Balladur (en 1995), Chevènement (en 2002), Bayrou (en 2007) ou encore Mélenchon (en 2012), tous ont connu un succès, à un certain instant, parfois (très) proche de l’échéance électorale. Ils se voyaient peut-être même devant l’un des (deux) candidats issus des partis dits « de gouvernement » et pouvant légitimement prétendre être l’élu.

Aucun, pourtant, n’est parvenu à se qualifier pour le second tour. Certains, même, ont obtenu des résultats bien en-deçà de leurs espoirs les plus humbles. Tous l’ont payé cher, voire très cher en ne parvenant jamais à se relever d’une telle défaite. D’autant moins s’ils ont contribué à la défaite de leur propre camp…

Édouard Balladur, qui avait décidé de concurrencer Jacques Chirac, le devançait jusqu’en février 1995, en étant même placé en tête des intentions de vote, devant Lionel Jospin. Il sera troisième à l’issue du premier tour. Jean-Pierre Chevènement s’est vu crédité jusqu’à 14% des intentions de vote, en janvier 2002. Il ne récoltera que 5,33% des suffrages exprimésFrançois Bayrou a fait jeu égal avec Ségolène Royal en février et mars 2007. Il sera distancé de plus de 7 points, en troisième place. Jean-Luc Mélenchon dépassait parfois les 16% des intentions de vote, même en avril 2012, à quelques jours ou semaines de l’élection. Il n’a obtenu que 11,1% des suffrages exprimés, en quatrième position.

Si l’important est de participer, encore faut-il ne pas le faire n’importe comment. Si la gloire est assurée, avant, la dégringolade ne peut pas toujours être évitée, après.

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