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Pour la Constitution, combattons le Front national

Le Front national, s’il est devenu un véritable parti d’opposition, n’est pas un parti comme les autres : le projet qu’il porte met la République en danger. Pour défendre celle-ci, il faut combattre celui-là.

En quinze ans, il est parvenu à se défaire de son image diabolique, pour s’imposer pleinement et durablement dans le paysage politique.

Il a d’abord investi le terrain local, en obtenant des élus locaux. Ils sont indispensables pour les parrainages à la présidentielle, mais aussi pour tisser un maillage territorial, être présent sur le terrain, relayer la politique et le message du parti.

Il a ensuite approfondi son implantation dans des territoires, ceci lui permettant d’avoir des élus au Parlement et de conquérir des municipalités. Il a ainsi renforcé sa légitimité et sa crédibilité.

Enfin, le changement de gouvernance, du père à la fille, a été corroboré par la recherche d’un apaisement, grâce à une plus grande collégialité, à de nouveaux éléments de langage, à l’introduction d’une confusion entre Front National et Rassemblement bleu Marine, qui serait moins radical que le premier.
 
Le résultat est que, au soir du 21 avril 2002, la surprise fut grande de voir Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle, tandis qu’au soir du 23 avril 2017, la surprise aurait été de ne pas y voir Marine Le Pen.

Mais il ne faut pas s’y méprendre : le Front national demeure un parti d’extrême droite, à l’image de ceux qui ont fracturé l’Europe, asservi des populations, renié les droits de la personne humaine. C’est d’ailleurs ce qui ressort clairement de son programme.

Sortie de l’Euro, fermeture des frontières, préférence nationale et patriotisme économique conduiraient à l’isolement de la France et à une nouvelle fracture européenne. Restrictions de l’immigration et du droit d’asile, stigmatisation de la religion musulmane, État policier sont un écho funeste aux épisodes des années 1930 et 1940. On ne peut considérer que cet argument, à force d’être répété, aurait perdu en pertinence. La période en question reste une source de nos valeurs morales actuelles, en ce qu’elle inspire nos conceptions du bien et du mal. Les connotations persistantes des verbes résister et collaborer en sont la preuve.

Tout cela viole frontalement les principes constitutionnels au fondement de notre régime. Tout cela se heurte aux principes d’égalité, de non discrimination, de liberté religieuse, de liberté d’entreprendre, au droit d’asile politique et même à la participation à l’Union européenne, permise et assurée par la Constitution.

En un mot, son élection mènerait au coup d’État. C’est ainsi que l’on qualifie une violation persistante de la Constitution, ou un changement de régime qui ne se ferait pas selon les règles issues de la procédure constitutionnelle en vigueur, par exemple en ayant directement recours à l’article 11 de la Constitution.

La défense de notre propre Constitution commande ainsi que tous les arguments du Front national soient combattus méthodiquement, en déconstruisant le projet qu’il présente, en réfutant les thèses qu’il défend, en se mobilisant contre lui.

Il est juste de dire que le second tour de l’élection n’est pas joué : une élection n’est jamais gagnée d’avance. Le moindre événement, d’une météo favorable lors d’un week-end prolongé à un attentat perpétré la veille du scrutin, peut tout faire basculer. Surtout dans le cadre d’une présidentielle où rien ne se passe comme prévu.

Si Emmanuel Macron est actuellement en position favorable, s’il paraît difficile qu’il soit mis en minorité face à Marine Le Pen – comme je l’ai déjà soutenu –, sa victoire ne peut être assurée que par une mobilisation de tous ceux qui défendent la République. Et il n’est pas seulement fondamental qu’il gagne, mais il est essentiel que les électeurs démontrent que la République s’impose face aux thèses nationalistes et xénophobes.

Certes, son programme peut susciter des réticences chez ceux qui ne partagent pas sa position politique. Ils auront tout lieu de les exprimer, s’ils le souhaitent, lors des élections législatives, en juin.

Mais la défense de la République, elle, n’appelle aucune réserve : elle est le résultat d’une longue et difficile construction, que quelques actes pourraient suffire à faire vaciller.

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