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Le scrutin municipal : un match nul… ou presque

Dans bientôt un mois auront lieu les élections municipales. Les pronostics sur le grand vainqueur ou le grand perdant du ce scrutin se multiplient. Le PS et l’UMP ne manquent d’arguments pour justifier la victoire de l’un ou de l’autre camp : confirmer le nouveau cap fixé par l’exécutif et valider les réformes menées jusqu’à présent, ou, au contraire, sanctionner la majorité et mettre en cause la responsabilité du Président de la République.

Pourtant, de tels paris sont vains : le scrutin municipal débouchera sur un match nul, entre la majorité et l’opposition. Trois raisons essentielles le justifient.
 
D’une part, dans la très nette majorité des communes, à savoir les plus petites, la coloration politique ne peut s’apprécier à l’aune du prisme national. En effet, très souvent, il n’y a qu’une seule liste, dépolitisée et transpartisane. Lorsqu’il y en a plusieurs, elles sont plutôt animées par des arguments politiques locaux que par les lignes politiques fixées par les grands partis nationaux.

D’autre part et en conséquence de cela, les élections municipales sont généralement tournées vers des enjeux locaux qui intéressent et préoccupent davantage l’administré local que le citoyen national. Elles sont ainsi largement déconnectées de la politique nationale et ne reproduisent pas les luttes politiques des élections nationales ou même des élections cantonales et régionales.

Enfin, les grandes villes, certes peu nombreuses, demeurent un enjeu important des élections municipales. Elles viennent ainsi influencer et même concurrencer les résultats généraux. Supposons que l’un des grands partis remporte une majorité en termes de nombre de conseillers municipaux élus et qui lui sont rattachés, mais qu’il perde une grande ville emblématique, on pourra aisément soutenir qu’il a perdu les élections. Il en irait ainsi de l’UMP, si elle perdait Marseille ou du PS, s’il devait perdre Paris.

Il peut toutefois y avoir des gagnants aux élections municipales : précisément ceux qui n’ont rien à perdre.

Le premier grand gagnant pourra être l’abstention. Cette dernière n’a de cesse d’augmenter au fil des élections consécutives et les sondages indiquent actuellement qu’encore moins de trois électeurs sur cinq a décidé d’aller voter au premier tour. Une abstention record décrédibiliserait la sincérité du scrutin, la légitimité des élus et, par conséquent, les résultats eux-mêmes. Elle traduirait au contraire le renforcement du sentiment de désintérêt de la population vis-à-vis de la politique, voire son rejet. Elle favoriserait surtout les extrêmes, seconds grands gagnants éventuels de ces élections.

Les extrêmes et, en particulier, le Front national pourraient entrer davantage dans les conseils municipaux, voire remporter des mairies : cela seul serait une victoire puisque, actuellement, ils n’en détiennent aucune. Faisant et encourageant le jeu de la contestation répétitive, ces extrêmes mobilisent : leurs électeurs iront voter, là où ceux des partis de gouvernement pourraient être tentés par l’abstention.

Pour éviter que la première ou les seconds ne l’emportent, il n’y a donc qu’une seule solution : voter.

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