Faire la loi est la fonction du Parlement, cela ne souffre ni doute ni discussion et, au pire, quelques exceptions.
Ainsi, en France, la loi peut aussi être l’œuvre du peuple, par referendum. Elle peut également être édictée par décision du Président de la République, dans l’hypothèse de l’application de l’article 16 de la Constitution. Elle peut enfin résulter d’ordonnances du Gouvernement, prises après habilitation législative sur le fondement de l’article 38, mais elles ne sont alors considérées comme des lois qu’après avoir été expressément ratifiées.
En dehors de ces exceptions, la loi demeure élaborée par le Parlement.
Omnis determinatio est negatio, disait Hegel, forgeant la pensée dialectique.
L’opposition des contraires permet non seulement la construction d’une pensée et d’un discours, mais aussi l’élaboration de la position opposée, qui lui répond. Le débat peut alors se structurer et offrir des points de repères à ceux qui l’écoutent, s’y intéressent, voire souhaitent s’y associer.
Une position médiane est possible, toujours, et bénéfique, parfois. Mais elle n’est elle-même possible que parce qu’il y a cette opposition des contraires. Si elle les dissout définitivement, elle ne devient plus une position médiane, mais une position unique, imposée, qui fait disparaître le débat.
Or, en politique et en démocratie, faire disparaître le débat est nuisible, car cela conduit à une position non pas dominante, mais exclusive. Elle peut alors devenir tyrannique.
Trêve de « crise de la démocratie », nos sociétés vivent davantage une « crise de confiance » : le peuple perd confiance en la classe politique, ayant le sentiment que son vote est inutile, que les gouvernants ne l’écoutent pas, que, de droite comme de gauche, ils nourrissent tous le même objectif, se maintenir au pouvoir et satisfaire leur intérêt personnel plutôt que l’intérêt général.
Il faut admettre que la classe politique ne l’aide pas.
Les mises en causes judiciaires ou autres poursuites pénales dont font l’objet certains de ses représentants, de tout bord, ne favorisent pas le rétablissement de cette confiance, pourtant indispensable. La méfiance que cette classe politique témoigne souvent au peuple, en évitant de s’y confronter ou en ne le faisant que le plus ponctuellement possible, ne la renforce pas davantage.
Pour que le peuple renoue sa confiance dans la classe politique, il faut que la classe politique montre qu’elle a confiance dans le peuple : on l’a dit sur ce Blog, il y a presqu’un an, en pleine campagne présidentielle. Ils sont toujours autant d’actualité.
Le Sacre de Napoléon. Jamais tableau n’aurait porté aussi mal son nom, dit-on parfois. En effet, il ne représente point le sacre de l’Empereur lui-même, mais celui de son épouse Joséphine.
Pourtant, il est parfaitement intitulé. D’abord, parce que son titre exact est Sacre de l’empereur Napoléon et couronnement de l’impératrice Joséphine : voilà qui clarifie, car il s’agissait de peindre un événement, non un instant. Ensuite, parce que le tableau montre bien le sacre de Napoléon : non celui qu’il reçoit, mais bien celui auquel lui-même procède. La scène souligne ainsi que seul Napoléon sacre : il s’est sacré lui-même, en se posant sa couronne de lauriers sur la tête, puis il couronne son épouse. Pie VII, le Pape, qui a préalablement béni les couronnes, n’a qu’un rôle passif, de spectateur attentif et sans doute éberlué et résigné.
C’est donc bien le sacre de Napoléon : il est l’instigateur, il est l’acteur et il est au cœur de l’événement.