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Petite fable constitutionnelle sur les péripéties d’une candidature à l’élection présidentielle

Il était une fois, dans une vieille démocratie qui se prévalait de la transparence, une élection présidentielle qui devait se dérouler les 23 avril et 7 mai 2017. Bien avant, déjà, de nombreux candidats se plaçaient sur la ligne de départ.

Certains savaient qu’ils n’avaient aucune chance de la franchir, ne pouvant prétendre à être investis, mais espérant pouvoir peser sur une autre candidature. D’autres étaient convaincus d’y parvenir et quelle ne fut pas leur surprise lorsque le dossard leur fut retiré. Quelques-uns seulement pouvaient, in fine, dûment prétendre au statut tant envié de « candidat à l’élection présidentielle ».

Toutefois, pour en connaître effectivement la liste, il fallait attendre le 17 mars 2017, à 18 heures, instant limite pour que les présentations de candidatures (les célèbres « parrainages ») soient envoyées au Conseil constitutionnel, haut gardien du déroulement de cette élection.

Mais toute campagne électorale connaît des rebondissements, certains plus houleux que d’autres…

Des primaires incendiaires

Les primaires ont pour double objectif de détacher la désignation d’un candidat de l’appareil de parti et de créer un rassemblement autour de celui-là, disait-on dans un récent billet.

Cet objectif n’est nullement remis en cause. Mais il reste théorique. Et, par conséquent, idéal. Presque utopique.

N’est-il point permis de penser que la situation que connaissent la Gauche et le Parti Socialiste aujourd’hui est due à la primaire de 2011 ? Ne peut-on pas considérer que la contestation du Président de la République pendant le quinquennat, l’émergence des frondeurs, le manque de solidarité gouvernementale, le soutien timide du Parti Socialiste, la renonciation ultime à être candidat découlent tous de cette désignation pseudo-démocratique ?

On le croit et quelques éléments suffisent à s’en convaincre.

Et le peuple dans tout cela ?

Le peuple, pourtant titulaire de la souveraineté, est trop souvent oublié. Et il est oublié parce qu’il effraie.

En effet, la classe politique n’a plus confiance dans le peuple, se limitant à le solliciter lors des élections. Les referenda britannique (Brexit) et italien (révision constitutionnelle), ou la victoire de Donald Trump aux États-Unis ne vont certainement pas lui permettre de rétablir ce lien.

Pourtant, toute élection présidentielle véhicule son lot de propositions pour faire évoluer les institutions, notamment en renforçant la place du peuple. Et celle de 2017 ne déroge certainement pas à la règle. Mais cette règle n’est complète que si on y ajoute l’adage « sitôt candidat, sitôt formulées ; sitôt élu, sitôt oubliées » : le nombre de propositions effectivement adoptées, après l’élection, est inversement proportionnel au nombre de propositions formulées, avant.

On dénonce alors l’absence d’accord entre les deux chambres du Parlement, indispensable à une révision constitutionnelle, le manque de consensus entre la majorité et l’opposition, nécessaire à une ratification par le Congrès, ou encore le besoin de satisfaire d’autres priorités, avant de s’attaquer à la tâche constitutionnelle.

La cause est bien plus profonde, la raison bien plus grave. Le peuple fait peur et il vaut mieux éviter de lui donner trop de pouvoir.

Les primaires, à quoi ça sert ?

À quoi servent les primaires organisées par les partis politiques ?

Élection avant l’élection pour certains, stigmatisation des déchirures internes à un parti ou un courant politique, pour d’autres, bon nombre de ceux qui les critiquent en dénoncent l’absence d’intérêt, voire le caractère contreproductif. Les débats télévisés entre les candidats à la primaire de la Gauche de la semaine dernière n’auraient que confirmé ces réserves, en exposant les faibles différences qu’il y a entre eux, tout en livrant un jeu orchestré par des journalistes soucieux de l’audience et non de l’approfondissement des sujets.

C’est oublier l’objectif des primaires.

Celui-ci est double, en réalité : détacher la désignation d’un candidat de l’appareil du parti, créer un rassemblement.

Au préalable, soulignons que les partis politiques sont indispensables à une démocratie car ils permettent de la structurer : structurer l’offre politique proposée aux électeurs, structurer l’accès aux fonctions politiques des élus. C’est grâce à l’affiliation partisane que l’électeur peut mieux identifier l’orientation politique des candidats qui se présentent devant lui. En retour, c’est grâce à ce rôle exercé par les partis que ceux qui souhaitent exercer des fonctions électives peuvent y parvenir.
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