La nomination d’Élisabeth Borne, c’est la reconduction de Jean Castex.
C’est une façon nouvelle de donner corps à l’analyse que nous livrait Guy Carcassonne, lorsqu’il expliquait qu’au lendemain d’élections nationales remportées par le Président de la République, le Premier ministre ne change pas. Ce fut le cas en 1965, avec le duo de Gaulle et Pompidou, après l’élection présidentielle qui permit au Général d’être réélu. Ce fut aussi le cas après des élections législatives, en 1967, avec le même duo, en 1973 (Pompidou et Messmer) ou en 1978 (Giscard d’Estaing et Barre). Certes, la situation fut différente en 1968, mais de Gaulle et Pompidou l’avaient tous deux remporté ce qui, aux dires du Président lui-même, faisait un de trop.
Aujourd’hui, Emmanuel Macron déroge pour ne pas déroger à l’analyse et change pour ne pas changer le Premier ministre.
Les élections législatives sont une question de vie et de mort pour les partis politiques.
Cette réalité n’est pas nouvelle, mais elle revient avec une acuité particulière aujourd’hui, alors que le paysage politique, de gauche, de droite et même du centre, est particulièrement éclaté.
Surtout, elle soulève des questions et apporte des éclairages quant aux alliances qui se nouent actuellement.
Pour vivre et survivre, au-delà de militants et d’adhérents, les partis politiques ont besoin d’argent. Si les cotisations leur en rapportent, elles sont généralement insuffisantes et la plus grosse part de leur budget dépend du financement public auquel ils ont droit. Soit le parti vient d’être créé et il lui faut alors obtenir un financement public pour qu’il puisse espérer vivre. Soit le parti est déjà implanté, parfois même fortement au niveau local et il lui faut bénéficier d’un financement public pour qu’il puisse survivre.
En effet, depuis plus de quarante ans, des élections législatives ont généralement lieu dans la foulée du scrutin présidentiel, sauf en 1995. Et, depuis plus de quarante ans, elles ont toujours confirmé le pouvoir du Président de la République élu, en lui confiant une majorité pour gouverner, fût-elle relative comme en 1988.
Jamais les électeurs n’ont fait le choix d’une cohabitation, alors qu’ils auraient pu y céder au moins à deux reprises, en 2002 et en 2017, lorsque la majorité des électeurs du premier tour de l’élection présidentielle se voyaient contraints de voter au second pour un candidat à rebours de leur sensibilité (la majorité est à gauche en 2002 mais Jacques Chirac est élu, la majorité est à droite en 2017 mais Emmanuel Macron est élu, à l’époque – encore – candidat issu de la gauche).
Ce billet est initialement paru sous forme de tribune sur lejdd.fr.
Notre Constitution est le fondement de notre démocratie.
Démocratique dès sa naissance, car elle a été adoptée par le peuple par un référendum le 28 septembre 1958, elle est démocratique dans son essence, en faisant de la France une République démocratique (article 1er), en consacrant le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple comme devise de la République (article 2), en attribuant au peuple la souveraineté nationale (article 3). Elle est encore démocratique dans son application, car les règles qu’elle fixe permettent à la démocratie de fonctionner : élection du Président de la République (article 6), des députés et des sénateurs (article 24), des membres des conseils des collectivités territoriales (article 72), possibilité d’interroger directement le peuple par référendum, au niveau national (article 11) ou au niveau local (article 72-1), ou encore ratification par le peuple d’une révision constitutionnelle, adoptée préalablement par les deux assemblées parlementaires (article 89).
Ainsi, le peuple détient, en vertu de notre Constitution, une place centrale, que cette même Constitution a vocation à préserver, en protégeant le peuple souverain des éventuels abus de pouvoir d’autres institutions ou des manipulations, souvent populistes, d’une personnalité tenter par un usage abusif du pouvoir. Le peuple et les institutions démocratiques ont vocation à se compléter dans l’exercice de leurs pouvoirs respectifs, pour que notre démocratie fonctionne de façon équilibrée. À l’inverse, la Constitution prévoit également des mécanismes protégeant le peuple ou les institutions en cas d’une tentative d’usurpation, voire d’abus de pouvoir de l’un ou des autres.