Le premier Noël d’un nouveau Président de la République est un moment important.
Sept mois après son entrée en fonctions, six mois après la victoire de sa majorité, quelques mois après le vote des premières réformes législatives, quelques jours après l’adoption de son premier budget et au moment où le Conseil constitutionnel l’examine : un premier bilan est désormais possible. La nouvelle majorité a déjà pris ses marques au Parlement, au-delà de la seule session extraordinaire. Le Gouvernement a déjà négocié ses premières réformes législatives et s’est confronté à la nouvelle opposition ou, du moins, ce qu’il en reste, parfois…
Faire la loi est la fonction du Parlement, cela ne souffre ni doute ni discussion et, au pire, quelques exceptions.
Ainsi, en France, la loi peut aussi être l’œuvre du peuple, par referendum. Elle peut également être édictée par décision du Président de la République, dans l’hypothèse de l’application de l’article 16 de la Constitution. Elle peut enfin résulter d’ordonnances du Gouvernement, prises après habilitation législative sur le fondement de l’article 38, mais elles ne sont alors considérées comme des lois qu’après avoir été expressément ratifiées.
En dehors de ces exceptions, la loi demeure élaborée par le Parlement.
Omnis determinatio est negatio, disait Hegel, forgeant la pensée dialectique.
L’opposition des contraires permet non seulement la construction d’une pensée et d’un discours, mais aussi l’élaboration de la position opposée, qui lui répond. Le débat peut alors se structurer et offrir des points de repères à ceux qui l’écoutent, s’y intéressent, voire souhaitent s’y associer.
Une position médiane est possible, toujours, et bénéfique, parfois. Mais elle n’est elle-même possible que parce qu’il y a cette opposition des contraires. Si elle les dissout définitivement, elle ne devient plus une position médiane, mais une position unique, imposée, qui fait disparaître le débat.
Or, en politique et en démocratie, faire disparaître le débat est nuisible, car cela conduit à une position non pas dominante, mais exclusive. Elle peut alors devenir tyrannique.
Trêve de « crise de la démocratie », nos sociétés vivent davantage une « crise de confiance » : le peuple perd confiance en la classe politique, ayant le sentiment que son vote est inutile, que les gouvernants ne l’écoutent pas, que, de droite comme de gauche, ils nourrissent tous le même objectif, se maintenir au pouvoir et satisfaire leur intérêt personnel plutôt que l’intérêt général.
Il faut admettre que la classe politique ne l’aide pas.
Les mises en causes judiciaires ou autres poursuites pénales dont font l’objet certains de ses représentants, de tout bord, ne favorisent pas le rétablissement de cette confiance, pourtant indispensable. La méfiance que cette classe politique témoigne souvent au peuple, en évitant de s’y confronter ou en ne le faisant que le plus ponctuellement possible, ne la renforce pas davantage.
Pour que le peuple renoue sa confiance dans la classe politique, il faut que la classe politique montre qu’elle a confiance dans le peuple : on l’a dit sur ce Blog, il y a presqu’un an, en pleine campagne présidentielle. Ils sont toujours autant d’actualité.