Il est décidément toujours plus simple d’entrer dans l’état d’urgence que d’en sortir.
Déjà l’an passé, au terme de la première période d’application de l’état d’urgence sanitaire (du 23 mars au 10 juillet), le Gouvernement avait décidé de ne pas proroger une nouvelle fois son application mais d’en transformer le régime, en ayant recours à une forme d’état d’urgence « allégé », ou d’état d’urgence qui ne disait pas son nom.
Puis, après l’avoir à nouveau décrété à compter du 17 octobre, ce même Gouvernement avait forcé à l’adoption d’une loi inédite, qui cumulait deux régimes d’exception en un seul : la prorogation de l’état d’urgence sanitaire et l’application automatique, à son terme, de ce même régime hybride. Il n’a finalement pas eu à s’appliquer puisque l’état d’urgence fut à nouveau prorogé jusqu’au 1er juin prochain.
La date est historique : pour la Gauche et le Parti socialiste, bien sûr, mais aussi et surtout pour la Ve République.
Elle ne marque pas seulement la victoire d’un Président de la République socialiste : elle est également le gage de la pérennité de notre régime.
En effet, avec l’arrivée de la gauche au pouvoir, la Ve République montre qu’elle permet l’alternance. Après 23 ans d’une majorité de droite et en dépit de signes avant-coureurs (1965, 1974, 1978), on aurait pu craindre que cette Constitution, façonnée selon les idées constitutionnelles du Général de Gaulle, ne soit taillée à la mesure de ses seules idées politiques.
Elle n’aurait alors pas été démocratique et, inévitablement, elle aurait sombré tôt ou tard dans l’échec, engendrant une nouvelle crise constitutionnelle.
L’arrivée de François Mitterrand au pouvoir et l’alternance confirment que notre Constitution a apporté à la France la stabilité dont elle avait besoin
On pouvait le craindre d’autant plus que François Mitterrand n’en était pas à son coup d’essai et, à plusieurs reprises déjà, il s’était rapproché du pouvoir, sans jamais pouvoir en franchir la porte, autrement qu’en constituant une force centrale de l’opposition.
Ce n’est pas la première fois qu’elles se tiendront en même temps, puisque ce fut déjà le cas en 2004. Ce fut également le cas en 1992 et en 1998, mais alors les élections régionales ne se déroulaient que sur un seul tour, tandis que le scrutin départemental en comportait deux. Lors des précédents scrutins, en 2015, les départementales s’étaient tenues en mars et les régionales en décembre, en raison de la refonte de la carte régionale qui avait imposé d’en décaler la date initiale.
Ajoutons que, si tel n’a jamais été le cas des élections régionales, les élections départementales se sont déjà tenues les mêmes jours que les élections municipales, en 2001 (mais seule la moitié des cantons était alors renouvelée) et en 2008 (tandis qu’en 1945, elles eurent lieu la même année, mais en avril et mai pour les municipales et en septembre pour les cantonales).
En revanche, c’est bien la première fois qu’elles se tiennent toutes deux moins d’un an avant l’élection présidentielle et les élections législatives.
Une manœuvre scandaleuse est orchestrée par le Gouvernement, depuis hier soir. Il agit par l’intermédiaire des préfets, qui ont écrit à tous les maires de France pour leur demander si, oui ou non, ils étaient en mesure d’organiser les élections régionales et départementales du mois de juin.
La consultation paraît légitime.
En effet, les préfets leur demandent, s’appuyant sur l’avis du Conseil scientifique du 29 mars qu’ils joignent à leur envoi, « si les conditions préconisées par le comité scientifique vous semblent réunies pour tenir les deux scrutins prévus en juin prochain, afin que je puisse faire connaître au Premier ministre et au Ministre de l’intérieur la position des maires de notre département, en vue du débat parlementaire qui se tiendra le mardi 13 et le mercredi 14 avril », cela « dans le souci du Gouvernement d’être à l’écoute de chacun des maires de notre pays et compte tenu du rôle essentiel imparti aux communes dans l’organisation des scrutins ».