Jean-Claude Colliard - Précurseur de la science constitutionnelle

Colliard 

« Jean-Claude Colliard, précurseur de la science constitutionnelle », voilà qui pourrait paraître audacieux. Comment un auteur pourrait-il être à l’origine d’une méthodologie qui, non seulement n’est systématisée qu’après sa disparition, mais qui pourrait également s’éloigner, à certains égards, de celle qui guida ses propres travaux ? Pourtant, tel est bien le cas et l’on s’en convaincra à l’aune des textes qui sont ici réunis et auxquels cette Introduction entend rendre leur cohérence, en guise d’hommage à un Maître trop tôt disparu.

Jean-Claude Colliard a eu une vie exceptionnelle. Il n’est guère utile d’y revenir en détail, tant Sylvie Colliard l’a fait bien mieux que quiconque, même si l’on garde un souvenir heureux et ému des nombreux échanges que nous avons eus, au-delà des sujets proprement académiques, des Aventures de Tintin aux diverses qualités d’une neige pour profiter au mieux d’un hors-piste, des œuvres exposées dans un musée archéologique d’un pays éloigné aux fascinations des paysages du midi. On rappellera toutefois que le parcours de ce Professeur prédestiné à l’Université – ce que l’on sait – et à l’écriture, par l’héritage de son grand-oncle Émile Ripert, poète – ce que l’on sait moins –, est extraordinaire en soi. Et il incarne ce que l’on a appelé la science constitutionnelle.

Issu du dernier concours d’agrégation qui associait droit public et sciences politiques, en 1972, celui qui devient alors le Professeur Colliard comptait déjà à son actif deux œuvres qui passeront à la postérité doctrinale : l’une en sciences politiques, sur Les Républicains indépendants, qui était issue de son Mémoire pour le Diplôme d’Études Supérieures de Sciences politiques (l’ancêtre du Master 2) et l’autre en droit constitutionnel, sur Les régimes parlementaires contemporains, version actualisée de sa thèse pour le doctorat en droit. À peine agrégé, il associe donc déjà droit et sciences politiques. Il continuera de le faire toute sa vie : par ses écrits scientifiques et universitaires, par ses multiples expériences, académiques et politiques, qui nourriront toutes les facettes de celui qui n’a été « que » Professeur, quelles que soient les fonctions qu’il ait pu exercer. Il a connu, si ce ne sont toutes les institutions de la République, au moins tous les pouvoirs du régime constitutionnel, en dirigeant d’abord le cabinet du Président de la République, puis celui du Président de l’Assemblée nationale, enfin en étant nommé au Conseil constitutionnel. Ces expériences ont enrichi sa pensée scientifique, la confortant ou la nuançant, sur les sujets qui lui étaient chers dès son plus jeune âge : les partis politiques, les élections et les régimes politiques. On aurait ainsi pu difficilement rêver mieux, pour parfaire des réflexions académiques sur ces sujets, qu’un parcours où il accompagna, d’abord, l’ascension puis l’élection d’un homme à la Présidence de la République, où il coordonna, ensuite, le travail de l’Exécutif, non sans suivre les directives présidentielles et s’appuyer sur toutes les institutions appropriées, de Matignon aux Ministères, avant d’être plongé au cœur de la machine parlementaire et législative et terminer, enfin, comme juge constitutionnel et électoral, veillant à ce que les règles qu’il avait pu minutieusement analyser soient scrupuleusement respectées.

Ce parcours et ces écrits font donc naturellement de lui ce précurseur de la science constitutionnelle, ce que l’on entend démontrer dans cet ouvrage, après avoir esquissé les contours de cette méthodologie.

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