L'antiparlementarisme dans le discours politique



Antiparlementarisme

Cet article vient de paraître dans L'Antiparlementarisme, un ouvrage dirigé par Priscilla Jensel-Monge et Arianne Vidal-Naquet, paru chez Bruylant.
 
Il s’agit des actes d’un colloque organisé à Aix Marseille Université, les 27 et 28 mai 2021.


L’antiparlementarisme n’est ni récent ni occasionnel. Au contraire, il est profondément lié à l’histoire parlementaire, non seulement de la France mais aussi des régimes qui ont adopté cette forme de gouvernement. Les propos de Benoît Jeanneau ont près de 40 ans, mais ils résonnent avec une incroyable actualité, tant ils décrivent le contexte politique dans lequel se trouve la Ve République aujourd’hui, en 2022. Ils décrivent pourtant la situation de la veille des élections législatives de 1993, en miroir d’un autre contexte politique, alors vieux de cinquante ou cent ans, lors de la IIIe République. À croire que soit l’histoire se répète, soit elle est continue, soit elle se répète dans la continuité : l’antiparlementarisme serait alors le corollaire d’une société démocratique qui va mal. C’est compréhensible sous la IIIe République, lorsque le Parlement vitupérait continuellement l’Exécutif, l’empêchant de gouverner. C’est plus paradoxal sous la Ve République, qui établit certes un régime parlementaire, mais avec une prépondérance présidentielle et un Parlement contrôlé, rationalisé, voire brimé.

On peut assez aisément constater que tout parlementarisme est un antiparlementarisme. En effet, si l’antiparlementarisme correspond parfois à une expression du populisme, il ne s’agit là que d’une question de degré : la critique à l’égard du Parlement et du régime parlementaire sera plus ou moins intense, afin d’identifier les dysfonctionnements du régime parlementaire de la Ve République. Les discours antiparlementaristes des partis politiques sont donc tautologiques, au moins jusqu’à un certain point, leur premier objectif étant de pointer des dysfonctionnements du régime, pour appeler à son évolution tout en restant dans un cadre parlementaire, c’est-à-dire en préservant une place au Parlement. Leur second objectif est de convaincre de la nécessité d’une telle évolution et l’antiparlementarisme devient alors un argument.

Malgré tout, qu’il soit une tautologie ou un argument, l’antiparlementarisme et les discours qui le véhiculent connaissent des diversités, dont on propose de dresser une double typologie, celle de la tautologie d’abord, puis celle de l’argument.

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